Tablature vs Portée : Le comment du pourquoi

Bonjour à tous ! Dans cet article, je vais vous expliquer mon point de vue sur une question qui revient de temps en temps : pourquoi tablatures et portées se côtoient, et quel est le meilleur système ?

La tablature, c’est quoi ?

La tablature est un système de notation musicale remontant au moyen-âge, utilisé par les joueurs de luth notamment, permettant à l’aide de chiffres et de lignes de retrouver comment jouer un morceau.

On peut aisément comprendre que ce système est très pratique pour apprendre à jouer de la guitare : point de prise de tête avec des dièses à la clé ou encore des lignes qu’il faut compter en dessous ou au dessus de la partition !

L’inconvénient, c’est qu’un pianiste ne saura pas jouer une tablature … et que même si une tablature est très bien pour déchiffrer et pour savoir comment jouer quelle note d’une manière exacte, il ne faut pas se laisser enfermer : d’autres manières de jouer le même morceau existent, et il nous faut toujours comprendre ce que nous jouons car autrement nous ne serions que des perroquets répétant des phonèmes et pas de vrais poètes …

La portée, c’est quoi ?

La portée est l’évolution d’un système de notation qui date du moyen-âge : la notation neumatique, encore utilisés par l’église catholique pour noter certains cantiques.

A l’origine, la notation neumatique reposait sur des notes carrées réparties sur 4 lignes, que l’on appelle « Neumes » et qui permettaient de noter la mélodie d’un chant. A la renaissance, on a décidé d’ajouter une 5eme ligne pour avoir plus de possibilités, et la clé de C et la clé de F devinrent la clé d’Ut et la clé de Fa … pour ensuite se trouver accompagnées de la célèbre clé de Sol, avec également plus de possibilités au niveau des altérations : adieu le petit b sur la ligne du si, bonjour les possibilités presque infines des dièses, bémols,et bécarres !

La portée est, là aussi, un moyen de retrouver comment jouer un morceau.

L’avantage, c’est que tout le monde peut jouer une partition : pianistes, chanteurs … peuvent s’en donner à coeur joie.

l’inconvénient, c’est que ce système de notation ne tient pas nécessairement compte de toutes les choses que peut jouer une guitare : point de hammer-on ou de pull-off sur une portée ! Et c’est sans compter que sur une guitare, il y a plusieurs endroits sur le manche qui correspondent à la même note : Nous devons donc tout retrouver par nous-mêmes, et à moins d’être un peu calé, on peut se trouver face à quelque chose de décourageant.

Pourquoi l’un et pas l’autre ? Est-ce qu’il faut, à un moment, abandonner la tablature pour passer au « vrai solfège » ?

Ma réponse face à ceux qui sont contre les tablatures va être la même qu’envers ceux qui sont contre le fait d’utiliser des portées : les deux système sont complémentaires.

La tablature va permettre d’avoir un approche directe pour jouer le morceau et des indications spécifiques pour interpréter le morceau en tant que guitariste. La portée nous permettra, en travaillant le déchiffrage à vue, de comprendre très vite un morceau du premier coup d’oeil, car on peut voir immédiatement le contour mélodique et le rythme… et aussi de garder une trace écrite intéressante si on souhaite composer pour d’autres instruments que la guitare.

En revanche, si on se contente de lire une note après l’autre sans essayer d’entendre le morceau en son for intérieur et sans chercher à voir la relation entre chaque note, entre la mélodie et les accords, entre le rythme et l’harmonie, entre les accords et les paroles … on passe à côté de tout, on peint aux numéros en fait, au lieu de maîtriser réellement le contenu dont nous nous imprégnons, ce qui, à terme, ne fera de nous que de bons lecteurs, mais pas de bons improvisateurs, interprètes ou même compositeurs !

Comment faire alors ?

On peut d’ores et déjà se dire que si on veut jouer un morceau, la tablature et la richesse de ses indications spécifiquement faites pour un guitariste sera notre amie, et c’est pour cela que j’utilise ce système dans mes cours pour pouvoir enseigner les gestes liés à la pratique musicale, pour permettre d’entendre les notes.

Par la suite, je conseille d’apprendre à lire les notes sur une portée : ce n’est pas compliqué, et cela ouvre des possibilités très intéressantes. Par exemple, j’aime bien transcrire des petits morceaux en utilisant les notes car on voit beaucoup mieux le contour mélodico-rythmique sur une portée que sur une tablature.

Mais ce que je recommande par dessus tout est de s’entraîner le plus possible à jouer à l’oreille : pour cela, on commence par chanter des mélodies que l’on veut reproduire pour les intérioriser et petit à petit, on saura retrouver instinctivement les notes; encore mieux, on va même pouvoir jouer n’importe quel air qui nous passe par la tête !

Cette approche va nous permettre de consolider les trois grands aspects de la pratique musicale :

Cognitif : être capable de se dire qu’on joue telle ou telle note

Cinétique : être capable d’exécuter la bonne gestuelle pour sortir un son qui correspond à celui qu’on veut entendre

Auditif être capable de reconnaître les notes.

Ces trois aspects sont importants pour « parler » réellement ce langage : comment faire pour vivre un poème si on ne sait pas prononcer les mots, si on ne sait pas ce qu’ils veulent dire ?

En revanche, comprendre la musique est un jeu d’enfant, nous le faisons déjà, depuis toujours, en ressentant des choses en écoutant des musiciens s’exprimer.

Et sur cette jolie pensée, je vous laisse !

Bonne musique,

David


Commentaires

2 réponses à « Tablature vs Portée : Le comment du pourquoi »

  1. Il est super ton article, j’ai appris des tas de choses ! La quantité de choses que tu connais et partage sur ton site est époustouflante 😮

  2. Merci ❤ toi aussi tu sais énormément de choses et tes créations (et tes cours) sont wahou ! Alors bravo à toi ❤